Changer nos paradigmes pour mettre l’emploi des
jeunes au cœur de nos politiques de développement
Sera-t-il
possible de trouver un jour une solution à notre défi de l’emploi pour la
Jeunesse en Afrique subsaharienne?
Est-il
même envisageable de penser un jour que nous pourrions trouver pour toute cette
population jeune, des solutions d’occupations saines dans nos villes pour
plusieurs centaines de milliers de jeunes désœuvrés et qui, dans le même temps,
occuperaient utilement la jeunesse dans nos campagnes?
Je
pense que c’est possible et que c’est effectivement réalisable, si nous mettons
urgemment l’emploi, notamment l’emploi de la jeunesse, au cœur de nos
politiques de développement.
En
réalité, nous n’avons pas le choix : Les jeunes constituent l’enjeu économique
majeur pour le futur de l’Afrique.
Mais
d’abord, il nous faut changer nos paradigmes, souvent incomplets ou obsolètes,
si nous voulons nous donner une chance de gagner la bataille du développement
qui passe par la paix et la sécurité, que justement la jeunesse peut garantir.
Alors
qu’ils représentent la plus grande ressource naturelle du continent et
devraient être un atout pour notre développement, les jeunes pourraient
constituer un risque majeur si nous ne travaillons pas immédiatement à produire
les conditions favorables à la création d’emplois acceptables et appropriés, et
à stimuler les opportunités dont ils ont véritablement besoin.
Nous
n’avons pas la culture des chiffres, et, malheureusement, toutes les
statistiques dont nous avons besoin pour faire un état objectif des lieux
n’existent pas en quantité et en qualité, mais voilà certains chiffres qui
peuvent aider à comprendre l’urgence de changer nos manières de penser et de
faire : d’ici à 2020, c’est-à-dire dans 7 ans, la force disponible de travail
sur le continent s’agrandira
de plus de 160 millions de jeunes Africains et
d’ici à 2030, cette force de travail disponible sera plus importante que celle
de la Chine.
Ces
160 millions de jeunes Africains pourraient grossir le nombre déjà important de
demandeurs d’emplois pour lesquels nous n’aurions pas trouvé de solutions.
Aujourd’hui,
dans nos pays, très nombreux déjà sont les jeunes qui ont perdu tout espoir en
leur futur, qui sont mécontents de voir toujours plus d’injustice sociale.
Faute
d’agir stratégiquement et de manière coordonnée et décisive, la sécurité et la
paix auxquelles nos pays ont droit, seront encore plus menacées qu’elles ne le
sont aujourd’hui, parce que, justement, les émeutes, la grande insécurité et le
désordre généralisé naissent du mécontentement croissant des foules exaspérées,
frustrées de voir
de plus en plus de disparités quant à l’accès aux nécessités
vitales et aux services de base.
Ça,
c’est la description très brève, sans détails et sans complications de ce qui
pointe à l’horizon si nous ne changeons pas immédiatement et radicalement notre
manière de penser et d’agir.
La
bonne nouvelle, Dieu merci, c’est que ce scénario catastrophe, mais
malheureusement très réaliste, peut être évité.
Comment
? En changeant nos paradigmes.
Je
voudrais vous proposer quatre éléments de changement dans nos paradigmes, qui
sont nécessaires à la mise de l’Emploi des Jeunes au cœur de nos politiques de
développement.
1er Elément de changement :
Il
faut d’abord commencer par réaliser que l’inaction et le fatalisme sont les
manières les plus sûres
de garantir la ruine des prochaines générations
d’Africains.
Il
ne faut plus jamais qu’un Africain, quelle que soit sa position dans la
société, puisse encore dire ou penser que les maux de l’Afrique sont une
fatalité et que notre destin est déjà scellé. Ce fatalisme et ce pessimisme ne
permettent pas le changement que nous pouvons créer par l’efficacité de notre
propre travail et par la collaboration avec les autres.
2nd Elément de changement :
ll
faut que nous sachions que les solutions durables que nous voulons pour nos
pays, sont en nos mains, et non pas entre les mains des autres.
Dans un monde
qui est compétitif, compétitif à l’extrême, les dirigeants, les décideurs et
ceux qui ont une parcelle d’influence dans nos pays ne doivent pas se leurrer :
chacun se bat pour sa terre et ses occupants. Dans les échanges entre nations,
ce sera toujours la recherche du mieux-être pour les siens, avec des solutions « gagnant-gagnant »pour
que la collaboration soit durable et soutenue.
Ainsi,
les solutions que nous voulons pour notre Jeunesse et pour l’Emploi, ne seront
jamais, par définition et dans l’essence même des choses, des solutions qui
viendront de l’extérieur ; Si vraiment, nous savons ce que nous voulons.
3eme Elément de changement :
Nous
devons savoir que les changements arrivent quand il y a une vraie coalition du
plus grand nombre derrière une grande idée, derrière une vision clairement
exprimée, transparente et dans laquelle, le plus de personnes possibles se
retrouvent.
Pour
mieux exprimer ce point, voici la vision clairement affichée d’un Etat que je
visitais récemment (je tais respectueusement le nom de cet Etat) : « D’ici à
2020, notre Etat sera un État où la pauvreté sera totalement éradiquée, où
chaque homme, chaque femme et chaque enfant dans l’État auront accès, non
seulement aux services de base minimum, mais à toutes les possibilités de mener
une vie heureuse et épanouie et où tous émergeront ensemble comme une société
de savoir et d’apprentissage bâtie sur des valeurs de dur labeur, d’honnêteté,
de discipline avec un sens de l’objectif collectif ».
Constatez par vous-mêmes comment cette vision engage tout
le monde.
Je vous l’écris parce que je le sais : de grands changements,
notamment en faveur de l’Emploi de la Jeunesse dans cet Etat sont en marche et
la population et notamment la Jeunesse vit ces changements au quotidien.
4eme Elément de changement :
La
Paix et la sécurité sont des conséquences du mieux-être des populations et non
le contraire.
En d’autres mots, quand la population est sainement laborieuse,
notamment quand la jeunesse est judicieusement occupée, alors elle devient, par
elle- même, le gardien de la Paix et de la Sécurité.
Voyez
vous-mêmes comment nous pourrions tous opérer dans une nouvelle dimension
opérationnelle si nous adoptions déjà ces quatre premières conversions.
Voici
ce que ces conversions produiraient entre autres : notre système d’éducation
changerait :
au lieu de s’obstiner à former des demandeurs d’emplois, nous
formerions des créateurs d’emplois et des créateurs de richesses.
En
repensant le contenu de nos manuels et de ce que nous enseignons, en favorisant
non pas
« les professions », mais plutôt « les métiers », en
revalorisant justement les centres de métiers et l’enseignement professionnel
et en ne fourguant pas systématiquement des bacheliers dans des amphithéâtres
qui sont devenus des garderies d’adultes.
Il
y a, d’ailleurs à ce sujet, une conspiration silencieuse qui inquiète : les
parents de l’étudiant, l’étudiant lui-même ainsi que le professeur savent
combien de chômeurs les promotions qui ont précédé l’année en cours, ont formés
! Pourtant rien ne change ! On essaie les mêmes solutions qui produiront les
mêmes effets.
Tout
ceci peut changer. Mais, cela demande un changement de nos paradigmes.
Adopter
les quatre éléments cités plus haut peut constituer un bon début.
Gilles
Atayi
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